Impérialisme/Non-alignement : les grands ne sont pas les géants

L’anti-impérialisme, c’est le refus de résoudre en faveur du capital la contradiction qui l’oppose à l’échelle internationale aux ressources et au travail en sachant que le capitalisme se nourrit de la crise systémique. Et l’Afrique est le joker de l’impérialisme car elle est toujours la première à partir dans toutes les directions en offrant l’un des trois, si ce n’est les trois ingrédients.

Il est malheureusement normal que si des Africains vont à Moscou soutenir la Russie, d’autres Africains vont logiquement s’estimer en droit d’aller à Kiev soutenir l’Ukraine, divisant un peu plus l’Afrique, et c’est en cela que le vote des pays africains à l’ONU est un feu vert, orange ou rouge à la mobilisation d’un mercenariat africain, et qu’une position commune aurait été un signal fort intelligent mais totalement utopique.

Rompre avec un camp et refuser d’entrer dans un autre. C’est cette position commune que les résistants africains soutenaient il y a 120 ans au moment de la guerre des Boers opposant colons anglais et colons hollandais en Afrique du Sud.

Le panafricanisme est incontestablement anti-impérialiste avec une doctrine de solidarité basé sur le non-alignement, ce qui ne signifie ni l’indifférence face à ce qui arrive aux peuples ni l’impuissance face aux menaces pesant sur les mêmes peuples.

Néanmoins, il est bon de rappeler que pour l’Afrique, le non-alignement consista bien souvent en réalité à rester militairement neutre (car désarmé) mais économiquement et politiquement aligné sur l’Occident via la Francophonie (et l’avis réservé de cette institution n’est pas anodin), le Commonwealth et les institutions de Bretton-Woods.

Rappelons aussi que ce sont les attaques contre le panafricanisme du Ghana de Kwame Nkrumah qui ont précipité la fin du non-alignement empoisonné par la rupture sino-soviétique des années 1960. Moscou et Pékin se sont déjà divisés sur le dos de l’Afrique, ont aussi lutté l’un contre l’autre en Afrique. Et donc l’Afrique ne doit pas attendre de voir ce que feront les Russes et les Chinois, et encore moins les Occidentaux.

Nous avons encore l’occasion historique de constituer un véritable panafricanisme sur un front uni contre l’impérialisme, et ceci à l’heure où tout le monde impérialiste s’autoproclame anti-impérialiste. France, Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, Russie, les cinq « Grands » sont tous des empires avec une histoire esclavagiste/colonialiste. Si tout le monde est anti-impérialiste, l’impérialisme n’a plus de soucis à se faire.

Face aux cinq « Grands », nous avons eu les cinq « Géants » que sont l’Indonésie de Sukarno, la Yougoslavie de Tito, l’Egypte de Nasser, le Ghana de Nkrumah et l’Inde de Nehru qui ont été à la base du non-alignement. Le non-alignement marche quand on a devant soi le choix entre un système injuste et un système injuste mais il n’est plus tenable lorsqu’un système plus juste voit le jour. C’est celui-ci que le panafricanisme doit construire.

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