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Mon engagement politique pour le panafricanisme résulte de ma conviction que l’Afrique et la Diaspora constituent une unité de résistance historique qui est centrale dans les luttes d’émancipation globales et les solidarités internationales. 

Le panafricanisme est le seul mouvement capable de répondre aux aspirations des populations africaines du continent et de la diaspora et d’améliorer sensiblement leurs conditions de vie, de mutualiser leurs efforts et de préserver leur sécurité politique, économique, militaire et culturelle. Cet objectif politique peut se faire par le biais d’une construction supranationale comme un Etat fédéral ou des « États-Unis d’Afrique » proposé par le champion du panafricanisme, Kwame Nkrumah :

« Cette union, nous devons la réaliser, sans sacrifier nécessairement nos diverses souverainetés, grandes ou petites, nous avons, dès maintenant et ici même forgé une union politique fondée sur une défense commune, des affaires étrangères et une diplomatie commune, une nationalité commune, une monnaie africaine, une zone monétaire africaine et une Banque centrale africaine. »

Cependant, le panafricanisme ne se résume pas à son objectif. C’est bien plus encore la méthode utilisée pour atteindre l’objectif qui permet de définir le panafricanisme comme un processus et un système politique. Si mon site est nourri de nombreuses interventions sur le panafricanisme, quelques éléments de références sont indiqués ci-dessous quant à la nécessité et aux modalités de l’engagement politique.  

Un panafricanisme de solidarités : internationalisme et anti-impérialisme

La première des solidarités doit être entre les personnes d’origine africaine, qui doivent réapprendre à se connaître, à s’apprécier, à se critiquer, à se former tout en gardant une part d’anticonformisme. 

Le panafricanisme est né parmi des personnes déportées et réduites en esclavage du fait bien particulier de leur couleur de peau noire. Par conséquent, la solidarité entre les personnes noires est évidemment le ciment du panafricanisme en ce qu’il constitue un outil de lutte contre le racisme. Une solidarité qui ne peut être monnayée pour renforcer des mécanismes de domination ou des formes de condescendance ou de paternalisme.

Le panafricanisme n’a pas vocation de créer un nouvel homme ou d’instaurer une vision totalitaire. Son objectif est de décloisonner l’Afrique, de la relier à elle-même, de la relier à ce qui fait sens dans le reste du monde et de lui ramener ce qui lui a été injustement et brutalement pris : son humanité, son histoire, sa dignité.

En cela, la dimension sociale et culturelle du panafricanisme est essentielle mais son moteur reste politique et économique. Ma vision politique du panafricanisme est indissociable de celle d’un internationalisme noir devant amener les peuples de toute l’Afrique à contribuer, où qu’ils soient, à transformer leurs conditions humaines et socioéconomiques. 

Cet internationalisme noir est inclusif dans le sens où il est traversé par des conditions sociales précises qui font qu’une personne noire avec une nationalité occidentale, née dans un pays occidental, n’est pas africaine de la même manière qu’un réfugié de nationalité africaine débarqué sur les plages européennes ou dans un aéroport américain. Cependant, la perception de leur condition dans l’espace public est inséparable de leur couleur de peau, plus ou moins foncée, de leur corps qui marque une présence et une histoire.

L’historien Walter Rodney a défini avec précision le lien entre le panafricanisme et l’internationalisme en donnant une méthodologie à suivre scrupuleusement :

« J’ai eu le rare privilège de voyager, vivre et travailler avec des Noirs dans beaucoup de contextes. Cela m’a sensibilisé sur comment nous devons comprendre la particularité de situations différentes. Au sujet du panafricanisme, au sujet de la solidarité internationale dans le monde noir, quelque soit la zone du monde noir où nous vivons, nous avons une série de responsabilités.

L’une des plus importantes est de définir notre propre situation. Une seconde responsabilité est de présenter cette définition aux autres parties du monde noir, en réalité, à tout le monde progressiste. Une troisième responsabilité, et je le pense dans l’ordre de priorité, est d’aider les autres peuples dans une partie différente du monde noir à réfléchir sur leur propre expérience particulière.

La priorité est de nous adresser aux nôtres – c’est comme cela que nous analysons où nous en sommes. Ensuite, nous pouvons dire aux autres participants de la lutte du Tiers Monde, voici l’analyse, à nos yeux, de ce qui se passe. Ces gens la prendront et en feront ce qu’ils en veulent. Mais si ils ont un sens de l’internationalisme, ils la traiteront très sérieusement.

Et seulement alors je serai en position de dire, que de notre point de vue particulier, la lutte avance dans cette direction, ou voici comment votre analyse me semble pouvoir fonctionner, ou à la lumière de notre expérience ici ou là, nous aimerions interroger tel ou tel aspect. »

Un panafricanisme de combats et de débats: unité et luttes

Définir une chose est un savoir qui peut donner le droit d’exclure ou de valider, sur le plan politique, des positions. J’inclus dans mon travail politique autour du panafricanisme les deux lignes, généraliste et spécialiste, en cherchant à faire de la seconde la ligne de référence. C’est en cela que le travail d’historien que je mène est indissociable d’un travail politique.

La première ligne est que peut être « panafricain » toute personne qui se reconnaît au-delà d’une identité nationale africaine et qui conçoit en théorie que l’unité (ou la marche vers l’unité) se fera d’elle-même, à partir d’un alignement général des consciences. Cet alignement peut être une convergence autour du plus petit dénominateur commun d’une « Afrique » comme un élargissement à toutes « les Afriques ».

La seconde ligne est que peut être « panafricaniste » toute personne qui conçoit en pratique que l’unité n’existe que dans la lutte car la résistance peut nous unir ou nous désunir selon qu’elle intègre des éléments de la domination et de la désunion. La domination peut s’accommoder du panafricanisme et peut même construire une unité de nature hégémonique, un pseudo-panafricanisme de complaisance.

Le panafricanisme n’est donc pas un but mais un moyen, un mouvement, pour conjuguer l’unité et la lutte. L’architecture politique du panafricanisme doit se lire dans les articulations des différents organes que sont la culture, l’économie, le social, le géopolitique et le spirituel. Mon engagement politique reprend donc les analyses d’Amilcar Cabral exprimées ci-dessous : 

« Unité et Lutte signifient que pour lutter, il faut l’unité, mais que, pour atteindre l’unité, il faut aussi lutter. Et cela signifie que même entre nous, nous luttons. 

Le sens de notre lutte n’est pas à considérer seulement par rapport au colonialisme, mais aussi par rapport à nous-mêmes. Unité et Lutte : l’unité pour lutter contre le colonialisme et la lutte pour réaliser notre unité, pour construire notre pays comme il doit être.

L’unité est un moyen pour lutter, et comme tous les moyens, il suffit d’une certaine quantité. il n’est pas nécessaire, pour lutter dans un pays, d’unir tout le monde. Il suffit d’atteindre un certain degré d’unité. »

Mon expérience politique du panafricanisme pose la question de la fin et des moyens en termes de droit, de stratégie et d’orientation, sur le plan individuel comme collectif. Comment s’organiser et réaliser toujours plus d’unité ? Sur quelles forces nous appuyer et quels projets faut-il soutenir ? Quels objectifs à atteindre et comment se relever des échecs ? Comment ne pas abandonner face aux nombreux dysfonctionnements intra-africains qui rendraient utopique le panafricanisme ? L’engagement, première réponse à toutes ces questions, est un acte politique pour faire avancer la cause du panafricanisme. 

Ligue Panafricaine - Umoja (L.P-U)

La Ligue Panafricaine-Umoja, organisation politique panafricaniste organisée en sections territoriales en Afrique et dans la diaspora à travers le monde, travaille pour mettre en place les conditions nécessaires à l’avènement du panafricanisme au pouvoir. Membre depuis 2012, j’ai été Secrétaire Général fédéral de la LP-U de 2016 à 2021. J’exerce actuellement la fonction de Président de la LP-U depuis fin 2021.